Si la capacité d’une société à reconnaître et accepter les minorités, comme à reconnaître et à soutenir les victimes (d’accidents de la vie ou de la nature, d’oppressions…) est la marque de son humanisme et de son haut degré de civilisation,
il me semble évident que :
- glisser progressivement à la volonté systématique de reconnaitre des victimes partout et en tout, les mettre en exergue , en en faisant des héros,
- transformer en victime toute personne connaissant des désagréments ou des « souffrances » en lui attribuant d’autorité et à tout jamais ce statut,
- en rechercher systématiquement les coupables, accusés d’être les oppresseurs, eux aussi désignés d’office et pour toujours, muséifier en quelque sorte les uns et interdire de parole les autres,
- distribuer doctement les bons points et les blâmes,
- rigidifier la lecture de l’histoire à une dialectique binaire en figeant chacun dans un statut prédéterminé et définitif,
tout cela relève d’une dérive maladive de nos démocraties, qui montrent ainsi des signes d’affaiblissement et de déclin.
C’est un combat culturel qu’il me semble urgent de mener, pour :
- la défense d’une société ouverte, humaine, qui respecte la liberté et l’intégrité des personnes,
- en comprenant le nécessaire équilibre entre droits et devoirs pour vivre en société et non les uns contre les autres,
- en permettant à chacun d’évoluer sans être prisonnier de son histoire, de ses racines, de son sexe, de sa religion, de son milieu social familial,
- bref en permettant autant que faire se peut l’égalité des chances, la possibilité du choix de sa trajectoire, le respect de la majorité et des minorités suivant un processus démocratique,
- comme en rendant soutenable la protection sociale, ce bien précieux qui ne peut être un droit de tirage illimité sans obligations pour soi même…
Notre civilisation a bien des progrès à faire encore. Mais elle n’a pas, à de nombreux titres, à rougir d’elle même. Ni à accepter une dérive mortifère. Ni à subir une contre-réaction populiste qui n’apporterait que son bien pauvre double symétrique. Tout autant illiberal, a-scientifique et anti-démocratique.