On sait que le taux de prélèvements obligatoires en France est l’un des plus élevés des 38 pays de l’OCDE et très supérieur à la moyenne de celui de ces pays.
On sait moins qu’après redistribution, les inégalités de revenus en France, qu’elles soient mesurées par l’indice Gini, par le rapport entre le revenu des 10% les plus aisés et celui des 10% les moins aisés ou encore par le taux de pauvreté relative, n’ont pas ou peu évolué depuis 20 ans, contrairement à ce que disent certains. Et qu’elles sont parmi les plus faibles en Europe et dans le monde.
En France, la redistribution est très forte, réduisant le rapport entre les revenus avant redistribution des 10% les plus aisés et ceux des 10% les moins aisés de 20 à 9. Et de 20 à 3 en y ajoutant l’effet des services publics davantage payés par les plus aisés de par la forte progressivité des impôts. 85% des personnes parmi les 30% les plus modestes reçoivent ainsi plus en termes de services publics qu’ils ne paient, contre 57% pour l’ensemble des personnes en France (étude de l’INSEE de 2023 sur la redistribution élargie). Ignorer cela dans la construction des programmes économiques est évidemment source de propositions inadéquates et partant dangereuses pour l’économie et in fine pour les moins aisés. Évidemment, le même raisonnement n’est pas tenable pour les États Unis par exemple, où l’inégalité des revenus est bien plus forte et a beaucoup augmenté depuis 20 ans.
Un autre point fondamental est ignoré gravement de certains programmes. L’économie et le social ne sont pas statiques. Ce sont des dynamiques dont les effets sont difficilement isolables les uns des autres et dont les interactions peuvent provoquer des évolutions favorables ou catastrophiques, à l’envers même des buts recherchés.
Si, alors que les prélèvements obligatoires en France sont sur le podium européen et de l’OCDE, ils sont encore augmentés, ils retro-agiront de façon négative avec l’emploi -en réduisant la compétitivité des entreprises, la dynamique de l’entrepreneuriat, l’incitation au travail…-, comme avec la croissance. Or l’emploi et la croissance sont les facteurs principaux de lutte contre la pauvreté et de développement du niveau de vie. Depuis 2000, le PIB par habitant de la France a décliné en relatif en Europe.
De même, l’offre et la demande ne sont pas à considérer séparément. La France a déjà un très fort déficit commercial et un déficit courant qui démontrent son insuffisante compétitivité. Sa dépendance financière vis à vis du reste du monde ne cesse ainsi de monter. Augmenter artificiellement la demande ne ferait qu’aggraver encore le déficit extérieur. Le développement de l’économie nécessite que la demande soit ferme, mais nécessite tout autant de développer simultanément une offre compétitive, qui accroîtra en outre la demande par le développement de l’emploi notamment. La demande ne peut être longuement soutenue par le biais de dépenses publiques toujours en hausse, qui finissent par induire un endettement insoutenable. Pas plus en finançant ces dépenses par un accroissement incessant des prélèvements qui finissent par réduire l’offre et les emplois.
La bonne façon de lutter contre la pauvreté et pour le pouvoir d’achat n’est donc certainement pas d’augmenter encore les impôts et les cotisations, déjà très élevés, ni les dépenses publiques(qui d’ailleurs à long terme ne sont pas corrélées positivement à la croissance), mais de favoriser l’innovation technologique et verte, la mobilité sociale pour améliorer l’égalité des chances, l’incitation au travail, beaucoup d’entreprises ne pouvant se développer par manque de ressources humaines, etc.
Cessons de chérir les causes qui entraînent les effets que l’on déplore !