La voie du redressement français

30.12.2024 3 min
La situation des finances publiques de la France nécessite de poursuivre la politique de l’offre qui permet la compétitivité et l’attractivité du pays . Mais aussi , angle mort antérieur , doit être recherchée avec opiniâtreté et courage la maîtrise des dépenses publiques , tant en quantité et en efficacité qu’en meilleure allocation pour mieux favoriser les dépenses d’avenir . Toute augmentation des prélèvements obligatoires en revanche , au niveau très élevés où ils sont déjà , réduiraient la croissance et la base imposable tôt ou tard. Et serait contraire aux objectifs recherchés. 

Le prochain gouvernement devra maintenir la politique de l’offre et réduire les dépenses publiques. Ce sont les seuls moyens de relancer la consommation, le moral et la confiance des Français, plaide Olivier Klein.

C’est un fait maintenant bien établi. Nos finances publiques sont en danger. La dégradation de la note de la France par Moody’s en est un signe à ne pas sous-estimer. La précipitation pourrait inciter à monter les impôts tout d’abord et à rechercher la maîtrise des dépenses ensuite. Ce serait une erreur lourde de conséquences pour l’avenir.

Conserver la politique de l’offre

Le futur gouvernement devra s’empresser de protéger la politique de l’offre. Elle facilite la croissance par la recherche d’une meilleure compétitivité qualité/prix et d’une meilleure attractivité. Elle ne doit pas être abandonnée ni écornée. Elle a eu ces sept dernières années des effets très positifs, dont la remontée du taux d’emploi.

Il est nécessaire de bien faire en sorte de préserver en France le développement, la croissance, les investissements des entreprises à valeur ajoutée, ainsi que le travail qualifié lui-même. En n’aggravant pas, et même en réduisant, les systèmes existants de désincitation. Toute surtaxation à leur endroit incite à leur délocalisation.

Toute ponction fiscale et cotisations sociales excessives sur les entreprises comme sur les ménages, y compris aisés, induit des effets pervers à bas bruit, mais à long terme destructeurs.

Comme l’a montré l’INSEE, les entreprises de main-d’oeuvre peu qualifiée ne sont pas les seules à se délocaliser. Le travail qualifié et la production à valeur ajoutée aussi. Toute politique budgétaire doit l’intégrer. C’est essentiel pour l’économie française tout autant que pour les finances publiques. Toute ponction fiscale et cotisations sociales excessives – et trop élevées, comparativement aux autres pays semblables – sur les entreprises comme sur les ménages, y compris aisés, induit des effets pervers à bas bruit, mais à long terme destructeurs.

Maîtrise des dépenses publiques

Au niveau très élevé et très peu compétitif de nos prélèvements obligatoires, la trajectoire de l’indispensable reprise en mains de nos finances publiques ne doit pas aggraver cet état de fait. C’est donc la maîtrise des dépenses publiques qui a fait sérieusement défaut.

La trajectoire que dessinera la politique budgétaire du futur gouvernement devra ainsi se concentrer d’entrée de jeu sur l’abaissement des dépenses publiques sur PIB – elles aussi au sommet des pays de l’OCDE – pour faire baisser ce ratio, s’attacher à les rendre plus efficaces et les réallouer pour dégager les moyens d’investir davantage pour l’avenir. Ce sera le seul chemin pour rétablir la confiance des Français en l’avenir.

C’est pourquoi doivent ainsi être poursuivies et approfondies les réformes structurelles du type réforme complémentaire du chômage, pour inciter encore davantage à l’emploi, le taux d’emploi étant crucial pour la croissance comme pour les finances publiques. La réforme de la retraite pour garantir son équilibre par le réglage du nombre d’annuités à travailler pour assurer de ne pas ajuster à l’avenir sur le niveau de la retraite future, ce qui sinon pousse à épargner davantage. Les mesures visant à favoriser la quantité et la valorisation du travail, comme la prise de risque qu’il convient de mieux rémunérer. La réforme de la prise en charge par tous d’une (toute) petite partie des frais de médecine courante, pour responsabiliser chacun sur sa « consommation » de soins comme de médicaments, et éviter les mauvaises incitations ou les effets négatifs de l’aléa moral.

Millefeuille administratif

Ce retour indispensable de la confiance passera également par une réforme des administrations publiques et de leur gestion. Et par la lutte contre la sur-administration. Les réformes structurelles et de gouvernance des finances publiques de la Suède au début des années 1990 avaient sauvé la social-démocratie suédoise d’une dérive insoutenable.

Bref, la politique budgétaire devra présenter les caractéristiques indispensables qui permettront aux Français d’envisager enfin que cesse la fuite en avant que nous connaissons depuis des décennies : toujours plus d’impôts et de cotisations pour toujours plus de dépenses publiques – dont l’efficacité baisse – et de sur-administration, entraînant en fait toujours plus de déficits et de dette publique sur PIB, ainsi qu’un découragement et un sentiment d’impuissance.

Sans cela, l’épargne continuera d’être très élevée, la consommation et le moral, comme la confiance dans l’avenir, en berne. Et les pertes de production à valeur ajoutée et de travail qualifié menaçantes. Donc une économie et des finances publiques se détériorant, avec une protection sociale en danger. Le redressement durable des finances publiques en France ne peut pas passer par l’alourdissement supplémentaire des prélèvements obligatoires

Olivier Klein est directeur général de Lazard Frères Banque et professeur d'économie à HEC