Tout d’abord économiquement. La croissance est pour beaucoup une affaire d’innovation et de création. Ce sont elles notamment qui cassent les rentes, qui permettent les révolutions technologiques, les progressions de la productivité, donc l’augmentation des salaires non inflationniste, etc.
La dynamique de la croissance vient de la capacité de l’économie à être en mouvement, à connaître des évolutions des standards de consommation, comme des standards de production…
Or, ce sont les entrepreneurs qui prennent les risques de l’innovation, de la nouveauté, de l’audace calculée. Ces entrepreneurs peuvent exercer au sein des entreprises, pour peu qu’elles leur en laissent la possibilité et la place pour le faire. Ils peuvent être également créateurs d’entreprise. Sur le temps long, l’économie connaît l’apparition et la disparition de firmes. Ces deux moments coexistent et sont nécessaire l’un à l’autre. Des secteurs se développent pendant que d’autres s’éteignent. Et ce phénomène est l’un des moteurs de la croissance de l’économie et de sa capacité d’adaptation. C’est la création-destruction si bien analysée par Joseph Schumpeter, puis magistralement réinterprétée par Philippe Aghion.
En second lieu, mais ce n’est pas de moindre importance, la figure de l’entrepreneur est également essentielle parce qu’elle participe de l’égalité des chances. Les rentes entravent cette dernière. La capacité d’innover, de produire du nouveau, peut permettre à des catégories de personnes moins insérées ou moins établies au sein du système existant d’émerger et de créer de la richesse pour la société et pour eux-mêmes. L’entrepreneuriat permet ainsi de bouleverser l’ordre établi, lorsque les règles du jeu en vigueur rigidifient les situations acquises. Bien entendu, pour que cela puisse fonctionner, il faut que les « institutions » le permettent et le favorisent. Il en va du droit de la concurrence, de l’enseignement, des modes de financement de l’innovation comme de l’écosystème de création d’entreprise ou des jeunes pousses, etc. Ainsi que de la culture de chaque société qui favorise et valorise, ou pas, les succès comme les échecs…
L’entrepreneur, qu’il soit créateur ou développeur d’entreprise, doit être l’une des figures de proue de nos sociétés pour en favoriser tant la croissance économique que l’égalité des chances. Deux pôles qui d’ailleurs se renforcent l’un l’autre et qui fondent le pacte social.