Le Coopérathon est une compétition d’innovations sociétales, la plus grande au monde, lancée au Québec il y a trois ans par la Caisse Desjardins dont le Président, Guy Cormier, est à nos côtés ici même aujourd’hui, et pour la première fois en France, grâce au soutien et à l’organisation du groupe BRED et à son Lab d’innovation.
Nous avons en effet créé un Lab d’innovation au sein même de la BRED, « La Factory », qui bouillonne d’idées et d’initiatives et nous en sommes très heureux.
C’est un défi unique qui vous rassemble pendant à peu près un mois, étudiants, experts, mentors, développeurs, designers, pour travailler sur des solutions concrètes, pérennes et innovantes, aux grands enjeux sociétaux.
A la BRED, nous y sommes très sensibles parce que nous croyons beaucoup que les entreprises ont aussi une âme et que nos banques doivent être engagées sociétalement pour, avec modestie, contribuer à faire progresser la société et au fait qu’on ait plaisir à y vivre.
L’accent est mis sur la finance -c’est normal nous sommes une banque, nous l’assumons totalement et en sommes fiers- mais aussi sur l’éducation, sur la santé et sur l’environnement, de très beaux thèmes bien nécessaires pour que tous puissent vivre bien.
En 2017, le groupe BRED avait déjà organisé un Sparkathon, sur 48 heures, en partenariat avec IBM, centré sur l’innovation bancaire.
Avec le Coopérathon 2018, en partenariat avec les Caisses Desjardins, nous élargissons donc nos thématiques pour aborder les grands enjeux sociétaux fondamentaux. Avec plus de temps, un mois, avec la possibilité pour les participants d’être coachés, d’être mis en relation avec des incubateurs, d’accéder à des moyens techniques importants et naturellement de créer, ensuite, une start-up et d’être accompagnés sur le plan bancaire.
La co-innovation, la coopération, l’engagement sociétal, tout cela va bien ensemble. Cela correspond bien aux valeurs de la BRED, aux valeurs des Banques Populaires, qui nous sont chères à tous et, bien sûr, aux Caisses Desjardins.
Les banques coopératives ou mutualistes en France, il faut le savoir, occupent aujourd’hui sur le marché de la banque de détail environ 70 % de parts de marché. Et depuis 30, 40 ans, elles n’ont pas cessé de se développer.
Pourquoi ? Parce qu’elles sont en osmose avec leur territoire. Nous sommes des banques territoriales et nous sommes convaincus que si le territoire se porte bien, la banque se porte bien. Et si la banque va bien, elle contribue au bien-être du territoire et à son développement. Nous sommes des banques de proximité, proximité relationnelle avec les clients -et c’est pour cette raison que nous tenons à notre ancrage territorial-, et nous sommes aussi des banques de proximité managériale. Dans un métier comme le nôtre, avec beaucoup de technologies, mais aussi beaucoup de services humains, la capacité à mobiliser les équipes pour qu’elles soient dynamiques et proches des clients est primordiale.
J’ai proposé de définir la BRED comme une « banque sans distance ». Banque sans distance, cela signifie que nous sommes proches des clients dans nos agences, mais que nos clients peuvent aussi bien avoir des rendez-vous avec leur conseiller par téléphone, par email, etc.
Sans distance… aussi parce que nous ne mettons pas les clients à distance. Nous sommes proches d’eux, nous sommes leurs partenaires, et ceci est évidemment une question de définition même de ce que nous voulons faire et de ce que nous voulons être.
Et puis bien sûr, dans les banques coopératives nous avons une caractéristique fondamentale, qui est le respect de toutes les parties prenantes.
Aujourd’hui l’économie est peut-être (et on l’espère) passée à un capitalisme partenarial, c’est-à-dire respectueux des différentes parties prenantes, et plus seulement un capitalisme actionnarial. Parmi les parties prenantes, on trouve l’actionnariat, qu’il faut respecter également, c’est évident. Mais les autres parties prenantes sont également importantes, les clients, les salariés, bien sûr, la société dans laquelle on s’inscrit…
Nos banques coopératives sont d’ ailleurs par essence modernes parce que nos clients sociétaires détiennent le capital de leur banque. Nos administrateurs, eux-mêmes sociétaires et clients de la banque, représentent la communauté des sociétaires. On voit donc bien que lorsque l’on définit la stratégie de la BRED, par exemple, ou d’une Banque Populaire, à l’évidence on prend en compte en permanence l’intérêt des clients.
Et puis nous avons aussi à nos conseils des représentants des salariés et, dans nos banques coopératives, les salariés sont très importants structurellement.
Enfin, la BRED, comme toutes les banques coopératives, a un engagement sociétal important. Le premier engagement, il n’est pas si courant de le rappeler, est de bien faire notre métier, car le métier de banquier est essentiel. Moi qui vais souvent dans des pays émergents, de par nos filiales bancaires dans le Pacifique, l’Asie du Sud-Est et la corne de l’Afrique, je vois que quand il n’y a pas beaucoup de banques, quand elles ne sont pas très structurées ou quand la bancarisation de la population n’est pas développée, il y a une perte incroyable de capacité de financement. L’épargne va alors sous les matelas ou parfois tout simplement en achat d’animaux, car c’est une façon d’épargner sans banque. Lorsqu’il y a des banques et suffisamment d’agences, l’épargne est mise au service des projets d’autres personnes et des projets d’entreprise, ce qui permet de développer l’économie. La banque est indispensable dans le développement d’une économie. Elle est indispensable, tout simplement, pour mettre en relation les besoins de financement et les capacités de financement des uns et des autres. Les marchés financiers peuvent le faire, mais ils le font sur une toute petite proportion du possible. Il faut être très connu pour émettre sur un marché financier. Il faut être déjà une belle et grande entreprise. On ne peut pas y recourir quand on est particulier, commerçant, artisan, TPE…et même des entreprises moyennes en France n’émettent pas vraiment sur les marchés.
Aussi, bien faire son métier de banquier, bien accompagner les projets de vie, bien accompagner les projets d’entreprise, est-il indispensable à la société dans laquelle nous nous inscrivons.
Nous portons aussi dans nos banques coopératives et mutualistes des valeurs de cohésion sociale et des valeurs d’inclusion. À la BRED, nous avons choisi, parce qu’on ne peut pas être partout, de nous engager principalement sur l’inégalité des chances. Nous sommes très attachés à ce que toute personne, quel que soit son niveau de diplôme, quelle que soit son origine sociale, son sexe, son origine ethnique, puisse réussir. Il n’y a pas tant d’entreprises aujourd’hui qui permettent à des personnes de tous horizons de pouvoir réussir. Il nous faut, nous, dans nos banques coopératives et mutualistes, conserver cette valeur fondamentale qu’est la capacité de donner sa chance à chacun.
La BRED agit aussi en soutenant des associations ou des initiatives centrées sur l’égalité des chances. Elles interviennent en soutien dès l’école, puis dans les universités ou les Grandes Ecoles pour que les personnes venant de milieux moins favorisés puissent accéder au meilleur. C’est bon pour la cohésion sociale. Mais c’est indispensable aussi pour l’économie, parce que cela permet à tous les talents de s’exprimer, alors que sinon l’on se prive de talents formidables.
La BRED est aussi engagée dans la culture et la diffusion du savoir. Cela participe aussi de la cohésion sociale et évidemment du bien vivre.
Mais aussi, et ce n’est en rien contradictoire, comme toutes les Banques Populaires, nous portons haut des valeurs de dynamisme, d’innovation, de modernité, d’efficacité et d’entrepreneuriat .Elles sont notre marque de fabrique et ce qu’apprécient nos clients. Elles permettent également aux collaborateurs de nos banques de s’y sentir bien et de se mobiliser avec encore plus d’adhésion au projet de leur entreprise. Enfin, nous tentons de cultiver et de développer les valeurs de l’intrapreneuriat, du management de concertation, du management participatif, qui sont indispensables à l’épanouissement des personnes engagées dans notre banque et à leur capacité de remplir encore mieux notre mission, celle d’être une banque sûre, au service de nos clients.
Toute ces choses contribuent modestement, mais réellement, au bien-être sur nos territoires et au vivre ensemble.
Pour conclure, nous n’opposons jamais et même, au contraire, nous croyons au mariage intime et indispensable de l’autonomie et de la responsabilité avec la solidarité.
J’ai beaucoup aimé ce que vous avez dit, cher Guy. La solidarité, ça n’est pas la charité, la solidarité c’est avant tout donner à chacun la possibilité de s’aider lui-même, d’être responsable. Et évidemment c’est de s’entraider quand il arrive des malheurs, parce que même si on est responsable, même si on est autonome, de temps en temps il peut arriver un malheur.
Nous n’opposons pas non plus, au contraire, nous croyons au mariage de l’éthique et de l’efficacité. Je parle depuis longtemps de cela. J’y crois énormément. L’éthique sans l’efficacité n’est absolument pas durable. Et l’efficacité sans éthique s’essouffle très vite. Ce mariage-là est aussi crucial pour le bien-être de nos sociétés
Enfin, nous croyons, pour revenir à la banque, au mariage du digital et de l’humain. Le digital est une chance, ce n’est en aucun cas pour nous une contrainte. Nous n’avons pas supprimé d’emplois et nous développons notre banque. Nous investissons beaucoup dans le digital. Et, digital et humain se complétant et s’appuyant l’un l’autre, nous développons le capital humain qui est crucial pour des sociétés comme les nôtres, crucial dans une économie mondialisée pour développer la valeur ajoutée de chacun. C’est notre avenir, nos emplois, et là encore, notre cohésion sociale.
Je voudrais, pour finir, saluer nos amis canadiens avec deux citations d’Alphonse Desjardins, le fondateur des Caisses Desjardins. Il a vécu de 1854 à 1920. Mais les citations sont extraordinaires parce qu’elles sont d’une modernité saisissante.
La première, la plus classique, est tellement vraie : « L’union fait non seulement la force, mais aussi le bonheur. » C’est une très jolie phrase.
La deuxième est d’une modernité incroyable parce qu’il vivait lors de la première mondialisation, alors que nous sommes aujourd’hui dans la deuxième. Il soulignait qu’on ne doit jamais opposer le social à l’économique, mais au contraire, toujours les marier. Il disait : « plus que jamais, les luttes des peuples se livrent sur le champ de la bataille économique. Par suite de communication de plus en plus facile et rapide, le marché est devenu mondial et la victoire sera au pays qui aura pu mettre en œuvre toutes les énergies, toutes les forces vives de ses citoyens, qui aura le mieux fécondé leurs initiatives et qui aura par conséquent adopté le régime le plus productif avec le moins d’efforts. »
Que notre, votre Coopérathon puisse y contribuer ! Merci beaucoup à tous.
Intervention de Guy Cormier, Président du Mouvement Desjardins
C’est un réel plaisir pour moi d’être ici, aujourd’hui. Je viens de passer une semaine en Europe à Londres, à Bruxelles, à Paris… où j’ai rencontré des partenaires d’affaires et en terminant cette semaine-là avec vous je suis très fier et enthousiasmé de vous voir réunis ici un samedi. Je pense que cela témoigne du succès de ce premier Coopérathon en Europe et ici, à Paris.
Nous avons lancé le Coopérathon depuis 3 ans au Canada, et il a remporté un véritable succès.
Aujourd’hui plus de 1 000 personnes y participent, notamment au Complexe Desjardins, mais aussi dans beaucoup de régions au Québec. Ce dont cela témoigne, qui me rend extrêmement fier, c’est qu’au-delà de notre nationalité, de notre sexe, de nos croyances, de notre âge, du milieu dans lequel on est né, le Coopérathon, c’est avant tout des gens qui sont ensemble, qui réfléchissent, … Je dis souvent que le Coopérathon, c’est d’être intelligent à plusieurs, d’unir cette intelligence, de chercher à développer concrètement des projets qui vont avoir un impact pour la société. C’est ce que vous êtes en train de faire et je suis fier de voir ce niveau d’engagement.
Les gens s’engagent personnellement, ils se sentent investis de la responsabilité de chercher des solutions pour la société. Vous pourriez tous faire d’autres choses aujourd’hui, mais vous avez décidé de votre propre chef, probablement sans salaire, sans rémunération, sans avantage personnel, vous avez juste décidé de travailler avec des gens, peut-être des étrangers ou des amis, ou peu importe, pour vous efforcer de construire un monde meilleur. Et en cela, j’espère que vous êtes fiers de vous. En tout cas, personnellement, voir que cette idée-là a germé chez Desjardins, chez nous et qu’elle est maintenant prise en charge ici par la BRED, par votre leadership, cela me rassure.
Et à la fin de la journée, ce sont les personnes comme vous qui réfléchissent, qui feront la différence et c’est ça le Coopérathon.
Dans le groupe Desjardins, au Québec, au Canada, et c’est certainement la même chose pour la BRED, ce qui nous stimule c’est d’avoir cette volonté d’agir, c’est nos valeurs communes : l’entraide, la solidarité, l’argent au service des personnes. Notre fondateur Alphonse Desjardins appelait cela le « self-help », aides-toi toi-même. C’est très important. Autant pour la BRED que pour nous, au-delà des rendements financiers, nous parlons beaucoup de notre mission qui est d’enrichir la vie des personnes et des communautés. C’est cela que l’on cherche à faire dans un Coopérathon : comment enrichir la vie des gens ?
Année après année, voir autant de personnes impliquées !
J’ai hâte de voir la deuxième puis la troisième année. L’année prochaine vous ne pourrez probablement plus occuper une salle comme celle-ci. Vous aurez besoin d’une plus grande salle et dans 3 ans d’une plus vaste encore et dans 5 ans peut-être d’un stade ! Je ne sais pas ! Mais c’est la réalité.
Vous êtes des générateurs d’espoir. Pendant 25 jours, vous allez réfléchir à ce qui pourrait se faire et au final, si je regarde comment ça s’est passé dans les 3 dernières années au Québec, il risque d’y avoir de véritables start-up, qui vont dire : « j’ai participé à une compétition et je n’arrête pas là, je fais un kilomètre de plus, je vais encore plus loin. »
Et certains d’entre vous vont peut-être lancer une entreprise à la suite de cela, supportés par la BRED ou accompagnés par la BRED. Voilà ce qui va se passer !
Votre projet va sûrement se développer ici à Paris, en Europe, en France, et peut-être qu’à un moment donné vous allez avoir le goût de l’emmener en Amérique du Nord, au Canada. Notre bureau de représentation à Paris, sera heureux de travailler avec nos collègues pour vous aider à exporter cette idée-là à l’étranger. Et nous serons extrêmement fiers de savoir que cela a commencé ici et que vous allez peut-être bâtir un projet qui va se développer à l’international. Nous sommes tellement fiers de partager avec vous cette humble initiative lancée au Canada et de sentir que vous en avez pris le leadership ici.
Merci à vous tous de vous investir, de passer du temps et rappelez-vous que peu importe l’issue de cette compétition, peu importe l’issue et qui gagne ou pas.
A la fin de la journée, tout le monde sort de cette expérience plus riche personnellement, plus riche d’avoir découvert de nouveaux amis, d’avoir bâti de nouvelles amitiés, plus riche d’avoir grandi à travers des projets, puis plus riche juste d’avoir ouvert son horizon à d’autres opportunités dans la vie.
Alors, bravo à tout le monde et merci.